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Dufau, dernier maître du Cibachrome, ou la poésie du tirage couleur
C'est l'histoire d'un papier et celle d'un homme. Un homme qui a dédié sa vie à la parfaite maîtrise de son artisanat, un artisanat qu'il a élevé au rang d'art, sans concession, avec pugnacité mais humilité. C'est l'histoire d'un homme qui a travaillé 35 ans tous les jours de 7h30 à minuit (et parfois le samedi) à la satisfaction de ses clients, à rendre chacun des photographes qui venaient le voir heureux.
Bienvenue dans l'atelier du dernier maître tireur sur Cibachrome / Ilfochrome : Roland Dufau, sculpteur de lumière.
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Source : Focus Numérique - Mai 2016
Souriez, le petit oiseau va se coucher
Sept rouleaux. Et puis la fin d'un monde, ou presque. Lorsque l'usine Ilford Imaging Switzerland a annoncé sa faillite pour fin 2013 à Marly, Roland Dufau, parmi beaucoup d'autres, s'est pressé de passer ses ultimes commandes de cibachrome. «J'ai obtenu les quinze derniers rouleaux pour 32 000,00 euros, le prix fort; j'étais en concurrence avec un labo américain. Du coup, ils ne sont même pas découpés et je passe des heures dans le noir avec ma femme à tailler du papier», s'amuse le tireur parisien, qui prendra bientôt sa retraite. Tout avait pourtant bien commencé.
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Source : Le Temps - Avril 2016
Les révélations d'un maître de la couleur (Ilford 1993)
Magie, alchimie ce sont les vrais termes du métier. Celui qui tire ses photos travaille dans une recherche permanente de la beauté : beauté dans la sensualité même du tirage, beauté dans la faculté d'interprétation qui peut être laissée au tireur ou beauté d'une ambiance de couleurs restituée avec une parfaite fidélité. Faire des tirages, c'est un peu refaire le monde... C'est un travail d'artisan, qui avec son mental, comme avec ses mains, essaie d'aboutir à l'image la plus rigoureuse possible.
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Source : Révélez votre talent - Ilford Septembre 1993
France 5 - Entrée libre - Tirages Cibachrome
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Durée 5'22"
Last Passion Hero
Au coeur du Quartier Latin, à l'angle de la rue Séguier et de la rue de Savoie se niche une petite échoppe: celle d'un artisan tireur, Roland Dufau. Depuis trente ans, il consacre sa vie à un papier mythique le "cibachrome". Rencontre avec un homme qui a su conservé sa liberté de ton et de pensée à l'heure où nombre de laboratoires ferment leurs portes...
Hold Up Photo : Vous êtes l'un des derniers tireurs cibachrome en france, et en tout cas, le dernier à ne faire que cela. Comment expliquez-vous cette désertion, est-ce uniquement imputable à l'arrivée du numérique ?
Roland Dufau : Oui on peut dire que c'est l'une des raisons bien sûr, mais je pense surtout qu'il s'agit avant tout d'un papier très exigeant et qui est très cher. La matière première coûte très chère, donc il faut savoir l'utiliser, autrement les factures...
Maintenant, pourquoi je suis le dernier ? Sans doute parce que les gros labos qui l'utilisaient n'y trouvaient pas leur compte et l'ont abandonné au profit du numérique. S'ils y avaient trouvé leur compte, il le continueraient. Certes, la demande s'est amenuisée, les photographes utilisent de moins en moins les diapositives. Enfin, il y a encore un stock important de diapos dans leur tiroirs qu'ils n'ont jamais tirées mais apparemment les labos mènent leur politique commerciale comme ils le veulent.
Ce que je dois dire aussi, c'est que moi je l'utilise par passion. C'est à dire que dès le départ, je me suis dit "c'est ça qui m'intéresse dans la restitution des couleurs", c'est avec cette technologie, que je pourrais obtenir le mieux la restitution des couleurs. Donc, je n'ai plus fait que cela. J'ai commencé avec le cibachrome, maintenant, on appelle cela l'ilfochrome classic mais cela fait 30 ans que je n'utilise que ce papier. Il est le plus prêt de ma vision de la couleur.
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Source : Holdup
Roland Dufau : 100 % diapo, 100 % Ciba!
Ne nous voilons pas la face : le film diapo est sans doute le support argentique le plus menacé. Or Roland Dufau ne tire que des diapos. Et il n'utilise pour cela qu'un seul papier et qu'une seule chimie depuis trente ans! Autant dire qu'il fait vraiment office de "dernier des Mohicans" Oui, mais voilà, ce papier et cette chimie unique, c'est du "Cibachrome" et Roland Dufau en est le maître incontesté. Pour le plus grand plaisir des artistes et des collectionneurs, pour qui ce nom garde tout son attrait.
Le "Ciba" encore et toujours...
Cibachrome : le mot reste magique
et la plupart des initiés disent "Ciba". Rares sont ceux
qui emploient le "vrai" terme actuellement en vigueur: "Ilfochrome
Classic". En effet, depuis 1991, le "Cibachrome" n'existe
plus officiellement! Pour une question de rachat d'entreprise
et de marketing, Ilford fut contraint, à son grand dam, de trouver
un nouveau nom à son
procédé phare. Le "Cibachrome" fut ainsi rebaptisé "Ilfochrome
Classic". Toutefois, 18 ans plus tard, le nom d'origine reste toujours
employé, même chez Ilford, à l'usine de Marly en Suisse
qui continue de "coucher" ce papier unique sur son support polyester.
Production & conservation
Nous n'allons pas raconter ici la riche
saga du Cibachrome (lui-même issu du procédé Gaspacolor
inventé dans les années 1930 par le chimiste hongrois Bella
Gaspard). Non, ce qui nous importait c'était de rencontrer Roland
Dufau et de faire le point avec lui sur son activité de tireur "atypique".
De nombreux photographes pensent sans doute que le Cibachrome
n'existe plus. Or Ilford n'a jamais arrêté sa fabrication.
Et le responsable du Service Technique Couleur, Jean Noël Geix, a
déclaré dans
le magazine Le Photographe que la production était garantie jusqu'en
2020. En effet, la première application de l'Ilfochrome-Cibachrome
reste le microfilm, toujours très utilisé dans le domaine
militaire. Et le contrat vient justement d'être renouvelé avec
l'armée jusqu'en 2020... Au passage, on touche là une des
caractéristiques fondamentales de ce procédé: sa conservation.
Seul ennemi: l'humidité excessive (au-delà de 60 %). Tout
cela, Roland Dufau le connaît parfaitement. Sur le sujet, c'est un
puits de science. Sa petite boutique du quartier latin à Paris (45
m2 en comptant le labo et la réception!) est devenue le temple des
adorateurs du Dieu Ciba. Dufau n'est pas le seul en France à proposer
des tirages Cibachrome (voir page suivante). Mais il est le
seul à ne
faire que du Ciba! Chez lui, pas de négatifs, ni bien sûr
de fichiers numériques. De plus, Dufau n'est pas un "simple" tireur.
C'est un passionné de photo, un ami des photographes et un grand
collectionneur de livres. Depuis 1980, il travaille seul et
reçoit
lui-même en personne tous ceux qui viennent sonner à sa porte.
Parfois, il faut attendre un peu qu'il sorte de sa chambre
noire! "je
travaille seul parce que j'aime les contacts directs avec les
photographes, dit-il. Ma clientèle s'est constituée petit à petit,
par le bouche à oreille. Mon premier grand client fut John Batho.
Aujourd'hui, je tire les ektas de Stéphane Duroy, de Yan Charbonnier,
d'Olivier Fôllmi, de Didier Gou-py, de Roland et Sabrina Michaud,
de Lucien Clergue"...
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Source : Réponses Photo Hors Série n° 8
Interview audio de Roland Dufau
Depuis 1980, Roland Dufau est tireur d’images. D’emblée, il se construit une solide réputation, et noue des liens de confiance avec les plus grands photographes. Parmi eux, Lucien Clergue. Rencontre avec un artiste de la chromatographie.
Il est un esthète du tirage couleur. Un artisan qui a développé un savoir-faire reconnu dans toute l’Europe. Roland Dufau est tireur d’image depuis 1980.
Installé à Paris, rue de Savoie, il reçoit la visite des plus grands photographes. Notamment Lucien Clergue, le premier photographe à entrer à l’Académie des beaux-arts.
Travaillant uniquement à partir de diapositives, et ne proposant que des tirages couleur, l’art de Roland Dufau est exceptionnel. Ses tirages sont uniques. Il exprime dans cette émission sa passion pour son métier. Sa façon de faire chatoyer les couleurs et la lumière, et de rendre la parole aux recoins les plus obscurs d’une photographie.
Source : Canal Académie
Interview d'un des derniers spécialistes de l'Ilfochrome
C'est dans un petit atelier situé à l'angle de la rue de Savoie et de la rue Séguier à Paris, face à l'île de la Cité, qu'exerce l'un des derniers spécialistes de l'Ilfochrome, procédé d'anthologie que ses aficionados continuent de nommer "Ciba".
C'est une petite boutique avec des tirages en vitrine. Il faut sonner pour se signaler. Roland Dufau travaille seul. La porte s'ouvre sur un endroit qui n'a rien de la froideur habituelle des comptoirs de labo. Un bureau, des tirages, un meuble à tiroir pour stocker les épreuves et quelques objets liés à la photographie : c'est le bureau d'un artisan. En arrière-boutique on devine le labo, avec deux agrandisseurs couleur, une pièce pour la développeuse Ilfochrome, et un autre labo avec un agrandisseur couleur 20x25 cm. Roland Dufau accueille ses clients en blouse blanche. Normal. Il est docteur en tirage. Et il a une spécialité : l'Ilfochrome.
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Source : Le Photographe n° 1664
Cibachrome : Procédé
Ce procédé, mis au point par Ciba en 1958, n'est pas nouveau dans son principe. Toutefois, il est totalement différent des autres procédés couleur car, au lieu de fabriquer du colorant lors du développement, il détruit un colorant déjà existant. C'est une décoloration par l'image argentique.
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La photo traditionnelle sera bientôt un luxe
Après Canon, Nikon, Kodak, Polaroid, Agfa, c’est au tour d’Ilford Imaging Switzerland de sacrifier la photo analogique. 125 ans après sa création, l’entreprise réduit son effectif de moitié et réchappe de la faillite. La révolution numérique marque la fin d’un monde.
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Chambre noire pour photos couleurs
Aujourd'hui la chambre aide au développement. Rangez quelques heures votre téléphone portable et oubliez le plus riquiqui de vos appareils numériques. On travaille sur pellicule. On livre le négatif à la chambre noire, et l'on attend patiemment que ceux qui savent développent. A Paris, il existe un laboratoire, au croisement de la rue de Savoie et de la rue Séguier. On y travaille le papier Cibachrome. Cette technique offre nombre de possibilités pour la photographie, pour son tireur ou son auteur. La pureté des colorants, leurs résistances à la lumière, la saturation des couleurs et l'extrême définition de leur restitution font de cette technique une garantie de qualité. Sauf, que l'entreprise qui fabrique le papier en question vient de mettre la clef sous la porte… Raison de plus, peut-être pour parler de cet art de sculpteur de lumière.
Ecouter l'interview sur France Culture